Aujourd'hui dans le secteur du BTP, les savoir-faire et pratiques locales traditionnelles ne sont pas, pour l’essentiel, assimilés par les assureurs et les contrôleurs techniques à la pratique courante. En l’absence de structure locale reconnue, l’expertise métropolitaine est sollicitée. Les produits et procédés doivent être soumis aux évaluations et essais permettant la délivrance des avis techniques et autre certification, réalisés par des groupes spécialisés localisés à Paris pour la majorité. Cela induit une hausse significative de l’empreinte carbone, des délais et des coûts, freinant ainsi l’innovation. Cet éloignement représente donc un frein majeur pour le secteur du BTP.
Le 10 avril 2024, le Parlement européen a adopté en 1ère lecture le projet de règlement révisé relatif aux produits de construction et l’insertion d’une dérogation pour les Outre-mer. L'Union européenne permet à plusieurs territoires ultramarins de déroger au marquage "CE" pour faciliter l'importation de produits de construction. Cette mesure est donc une bonne nouvelle pour le secteur du BTP à La Réunion car elle permettrait un rayonnement régional et un élargissement du sourcing dans la zone intertropicale Océan Indien.
De plus, la mise en place de Cellules Locales d’Appui à la Conformité (CLAC) des produits et matériaux de construction permettrait de maîtriser la qualité des produits concernés par cette mesure. Il s’agit de capitaliser sur les dynamiques locales existantes afin de ne pas créer de structures nouvelles. Celles-ci ont pour objectif la facilitation des démarches d’évaluation pour les acteurs locaux et de l’approvisionnement en matériaux. Une étude de faisabilité a été menée par la FEDOM en 2022 avec les acteurs de la filière construction des différents bassins (zone Océan Indien et zone Antilles-Guyane).
Ces propositions contribuent au développement des expertises locales, à la réduction des délais et des coûts, et à la favorisation de l’économie circulaire.